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17 septembre 2007

judaïsme

Depuis le treizième siècle à peu près, le symbole du judaïsme est l'Étoile de David qui, selon la tradition, était l'emblème du roi David. Le plus ancien symbole du judaïsme est la Ménorah, chandelier à sept branches, qui se trouvait dans le Temple de Jérusalem.
Au fronton des synagogues sont également figurées les Tables de la Loi.

Lieux de culte [modifier]
Article détaillé : Synagogue.

Intérieur de l'Esnoga, la synagogue portugaise d'Amsterdam, fleuron de la communauté sépharade après l'expulsion des Juifs de la péninsule ibérique en 1492. La tébah (plate-forme de lecture) est à l'avant-plan, l'Eikhal (Arche Sainte, où sont rangés les rouleaux de la Torah) est à l'arrière.Le terme Synagogue (Grec, "sunagôgon", lieu de rassemblement, traduction du terme hébraïque beit knesset) désigne des lieux de culte et d'étude juifs. Ce dernier rôle a si bien caractérisé les synagogues du monde ashkénaze qu'on les appelle en Yiddish shul (prononcer "shoule", cf. Allemand "Schule", école).

Les synagogues comportent habituellement des pièces séparées pour la prière (le sanctuaire principal), de plus petites pièces pour l'étude, et souvent une pièce destinée au rassemblement communautaire (d'où leur nom) ou aux tâches éducatives.

Il n'y a pas de plan préétabli, et l'architecture, tant d'extérieur que d'intérieur, varie grandement. Toutefois, on retrouve généralement les éléments suivants :

une arche, l'Aron haKodesh pour les Ashkénazes, l'eikhal pour les Sépharades, où l'on garde les rouleaux de la Torah ; l'arche est souvent fermée par un rideau orné (parokhet) à l'intérieur ou à l'extérieur des portes de l'Arche ;
une plate-forme de lecture surélevée, la bimah pour les Ashkénazes, la tébah pour les Sépharades, où la Torah est lue.
Dans les synagogues sépharades, c'est également de là qu'on dirige l'office. Tout le monde se trouve donc à égale distance de l'officiant. Les synagogues ashkénazes ressemblent davantage à un oratoire, et l'officiant se place derrière un pupitre, "amoud" (Hébreu, pilier) faisant face à l'Arche, au-devant des fidèles. Ceci crée une "hiérarchisation" des rangs, les premiers, les plus proches de l'officiant, revenant aux plus riches ;
une Chandelle Éternelle (ner tamid), une lampe, lanterne ou chandelier, maintenue allumée en permanence, en souvenir de la Menorah qui brûlait continuellement dans le Temple à Jérusalem.
D'autres bâtiments d'importance sont les yeshivot, Institutions d'études des textes du judaïsme, ou les mikvé, où se trouvent les bains rituels.

Texte et textes juifs [modifier]
La "littérature juive" est généralement divisée en :

littérature biblique, c'est-à-dire le canon juif des Écritures, le TaNaKh (Torah, Neviim, Ketouvim)
littérature talmudique, c'est-à-dire de l'époque talmudique, ne se limitant pas au Talmud :
littérature rabbinique, des sages post-talmudiques jusqu'à nos jours.

Littérature biblique [modifier]
Le Tanakh est le livre le plus saint pour le peuple juif, et la Torah est la partie la plus sainte du Tanakh. Elle a été dictée, selon la tradition, à Moïse par Dieu.
La fixation du canon biblique a été réalisée à l'époque de la Grande Assemblée : y figurent les livres inspirés par Dieu, en sont exclus ceux qui ne proviennent que de la sagesse humaine. La Torah n'a fait l'objet d'aucune discussion quant à son caractère divin, alors que les livres des Prophètes ainsi que les Autres Ecrits faisaient l'objet de débats intenses.
La cantillation de la Torah a été fixée par les Massorètes.

Littérature talmudique [modifier]
Selon le Rav Adin Steinsalz, la Torah a été soumis à une continuelle exégèse depuis qu'elle fut donnée aux enfants d'Israël (on peut considérer les Neviim comme le premier jalon de celle-ci). Le gros de l'exégèse fut cependant oral, avant d'être codifié. Il s'agit de :

La Mishna et ses commentaires.
La Tosefta et les traités mineurs.
Le Talmud :
Le Talmud de Jérusalem, et ses commentaires.
Le Talmud de Babylone, et ses commentaires.
La Mishna est la première compilation, suivie de la Tossefta, qui s'en veut déjà commentaire. Laconique et sans références, elle nécessite cependant sa propre exégèse afin de relier Lois orale et écrite. Celle-ci fut réalisée en deux centres séparés de la vie spirituelle juive, Babylone et la Galilée, pour donner le Talmud de Babylone et le Talmud de Galilée, improprement appelé "Talmud de Jérusalem", moins étudié que le premier.
Des ouvrages de cette époque non intégrés dans le Talmud ont été regroupés sous le terme de "Traités mineurs", non du fait de leur importance mais de leur peu de volume.
C'est autour de la Mishna et du Talmud que repose essentiellement l'enseignement dans les instituts talmudiques de nos jours.

Une littérature exégétique se développe parallèlement au Talmud : le Midrash, dont il existe de nombreuses déclinaisons. Le Talmud y fait parfois allusion et que certains enseignements se retrouvent dans l'un et l'autre.
Les Sages du Midrash sont généralement ceux du Talmud : *Littérature midrashique :

Midrash Halakha
Midrash Aggada
Le Midrash Halakha est un exégèse légalistique. Il se fonde sur des principes herméneutiques pour en déduire (lehidaresh) la substance légale.
Le Midrash Aggada est un ensemble de récits non-normatifs, dont le but est d'explorer les parties non-législatives de la Torah ou de faciliter son apprentissage, y compris dans la partie légale. C'est dans cette catégorie qu'on range certains ouvrages pseudépigraphiques postérieurs, comme les Pirqei de Rabbi Eliezer.

Littérature rabbinique [modifier]
Si elle s'occupe essentiellement de codifier les lois dispersées dans le Talmud sans organisation apparente, la littérature rabbinique se diversifie, traitant de poésie, de philosophie, de théologie ou d'ésotérisme. Une partie importante est également consacrée à la littérature polémiste, afin de pourvoir aux besoins des Juifs pris dans une disputation publique (dont l'esprit est rarement ouvert).

Littérature halakhique :
Les grands Codes de conduite à tenir en ce qui concerne l'application des préceptes énoncés dans la Bible et les rituels
Le Mishné Torah et ses commentaires.
L'Arbaa Tourim et ses commentaires.
Le Shoulhan Aroukh et ses commentaires.
Autres ouvrages halakhiques
Les Responsa
Diverses monographies (sur la vérification des poumons des bêtes abattues, p.e)
Pensée et éthique juives
La philosophie juive classique, avant la Renaissance, dont les grands noms sont, entre autres, Salomon ibn Gabirol, Saadia Gaon, Maïmonide ou Gersonide. La philosophie marrane, bien qu'à l'aube de la pensée moderne, fait souvent office de brûlot contre la tradition juive. Quant à la philosophie de l'époque des Lumières, elle est beaucoup plus proche de la philosophie que du judaïsme, bien qu'elle y retourne au XXe siècle sous la plume de Martin Buber, Franz Rosenzweig, Emmanuel Levinas, ou pour les éléments plus religieux, Abraham Joshua Heschel, Will Herberg, Richard Rubensteinou Joseph Soloveitchik.
De nouvelles approches du judaïsme se sont également fait jour, comme celle de Mordekhaï Kaplan ou d'Emil Fackenheim.
Il s'est également récemment développé une théologie post-Holocauste, interrogeant le "silence de Dieu", avant de s'intéresser à la place du Juif dans le monde, l'histoire et la politique.
La Kabbale, pensée juive mystique puise ses sources dans l'étude de l'Acte de Création et de l'Acte du Char, dont quelques passages ont été retranscrits dans certains traités du Talmud. Elle s'entoure de secrets et de mystère, prône une lecture ésotérique, voire des méthodes totalement originales d'interprétation de la Bible, comme l'isophépie ou la permutation de caractères.
Elle propose une vision téléologique de l'histoire, comme étant liée au peuple juif.
La pièce maîtresse de cette littérature est le Zohar, attribué à Rabbi Shimon bar Yohaï, mais d'autres œuvres, comme le Bahir ou l'Iggeret haKodesh ne doivent pas être oubliées. L'œuvre de nombreux maîtres, comme Rav Yehouda Löw ou le Ramhal en sont teintés.
L'éthique juive, développée par le mouvement du Moussar, s'inspirera des œuvres du Ramhal, notamment son Messilat Yesharim.

Fonctions religieuses dans le judaïsme [modifier]

Clergé [modifier]
Article détaillé : Cohen (judaïsme).
Il existe dans la Bible une caste sacerdotale, les cohanim, composée des descendants israélites mâles d'Aaron ben Amram le Lévite, eux-mêmes distingués parmi le peuple d'Israël pour avoir rallié Moïse lors de l'épisode du Veau d'or. Toutefois, Lévites et Cohanim ne sont plus en activité depuis la destruction du Second Temple.

Les Cohanim s'occupaient principalement des sacrifices, les Leviim de la manutention du Temple (portiers, chantres, etc.). Ils pouvaient être déchus de leur rang, en s'adonnant à des rites païens, en contrevenant à leurs obligations, etc. Ces règles sont toujours en vigueur dans le judaïsme orthodoxe, dans l'espoir que les Cohanim reprendraient leurs fonctions lors de la reconstruction du Temple.
Bien que ne pouvant plus assurer le service du Temple, les cohanim sont toujours tenus à certaines prérogatives comme le rachat du premier-né, la bénédiction sacerdotale,... Les Lévites ont un rôle plus modeste.


Rabbinat [modifier]
Article détaillé : Rabbin.
Aux temps de la Mishna, le Rabbi était un érudit occupant une position officielle au sein de la législation judéenne religieuse. Après la dissolution du Sanhédrin, il n'était plus possible d'ordonner les rabbanim, et ceux dont l'érudition permettait de statuer sur des questions d'observance de la Loi, justifiant un titre recevaient désormais celui de Rav(hébreu, רב beaucoup ou grand).
Rav désigne donc les grands parmi le peuple d'Israël, reconnus (nismakhim) parmi leurs pairs, indifféremment de leur origine (c'est-à-dire Cohen, Lévi ou Israël). Dans les pays musulmans, Al-Rabb étant l'un des 99 noms d'Allah, les Sages étaient appelés hakhamim.

Bien que détenteurs d'une autorité spirituelle de plus en plus grande dans le judaïsme, cumulant les fonctions d'arbitre en matière d'observance religieuse, de maillon dans la chaîne de transmission du savoir, d'autorité morale, d'exemple, d'officiants, les rabbins ne furent pour autant jamais considérés comme des intermédiaires entre Dieu et les hommes, ce rôle n'étant tenu que par les prophètes.

Le rabbinat devint une profession officielle en France sous Napoléon, les rabbins devenant ministres du culte, soumis à une hiérarchie (rabbin, grand rabbin, etc.) et rémunérés pour cette fonction spécifique.

L'accès des femmes au rabbinat fut un sujet polémique, au sein du judaïsme orthodoxe comme du judaïsme réformé, où quelques femmes, comme Pauline Bebe en France, deviennent rabbin. Il reste toutefois exceptionnel en Europe que les femmes tiennent un rôle majeur dans l'organisation des offices ou deviennent rabbin. En revanche, aux États-Unis d'Amérique et au Canada où les formes libérales du judaïsme sont majoritaires, les femmes rabbins sont plus nombreuses.

Officiants [modifier]
L'officiant (shalia'h tsibbour ou sha"ts) est souvent un rabbin. Toutefois, ce rôle peut échoir à n'importe quel membre de la communauté que l'on souhaite honorer, pour autant qu'il ait atteint la majorité religieuse. La connaissance des prières est hautement souhaitée mais non impérative : lors des offices suivant le décès d'un proche, c'est souvent un endeuillé lui-même (ou un proche masculin de l'endeuillée) qui dirige l'office, qu'il le connaisse ou non. Le rôle de l'officiant n'est pas d'être un "intermédiaire" entre la communauté et Dieu, mais de faciliter la prière collective, en permettant par exemple à ceux qui ne savent pas prier de répondre en public, ce qui leur est compté comme s'ils avaient fait toute la prière.
Les Réformés autorisent les femmes à diriger la prière, ce rôle étant exclusivement dévolu aux hommes chez les Orthodoxes et Massortim "plus traditionnels".
Le hazzan (chantre) est un vocaliste tenant le rôle d'officiant de ba'al korè (lecteur de la Torah), ou, plus rarement, de "choriste". Choisi pour sa belle voix, sa connaissance de la liturgie et de la cantillation, ainsi que sa connaissance du sens de la prière et la sincérité de son interprétation, il s'agit parfois d'un virtuose du chant choral, voire de l'opéra. Toute communauté n'a pas son hazzan attitré.
Le Baal korè (maître de la Lecture) est la personne lisant la section hebdomadaire de la Torah, rôle que tout homme (ou femme dans les formes libérales du judaïsme) ayant atteint sa majorité religieuse et capable de lire la section hebdomadaire peut remplir.
Il est fréquent qu'une même personne cumule ces différentes fonctions, ou que plusieurs personnes capables d'assumer ces fonctions se "relaient" au cours des différents offices.

Le Gabbaï ou Chamach [modifier]
Le Gabbaï assume les fonctions du bedeau, appelant les différentes personnes à lire la Torah, désignant l'officiant, s'occupant de l'entretien de la synagogue et s'assurant de sa fréquentation.

Autres positions religieuses spécifiques [modifier]
Le Dayan est un juge rabbinique, c'est-à-dire un rabbin expert en législation juive ; il dirige un beth din (tribunal rabbinique), tranchant dans les litiges financiers, matrimoniaux, ou des conversions au judaïsme, chargé de la remise du guett (acte de divorce').
Le mohel est un expert en matière de circoncision, appliquant la prescription de la brith milah dans le respect des rites.
Le shohet est un abatteur rituel, chargé d'abattre les bêtes de façon à ce qu'elles soient cachères. Expert en lois et prières d'abattage, il doit avoir été formé par un autre shohet, être en contact régulier avec un rabbin, afin de se tenir informé des normes actuelles, et abattre la bête avec l'intention de le faire selon les rites prescrits dans la Torah.
Le Mashgia'h (superviseur) en cacheroute doit surveiller la fabrication de marchandises et aliments afin d'établir leur cacheroute et la certifier. Il doit également superviser le sho'het. Il peut s'agir d'un expert en ces lois, ou d'une personne sous la supervision d'un rabbin expert en ces lois.
Le sofer est un scribe, écrivant les rouleaux de la Torah, des téfiline (phylactères) et des mezouzot (parchemins appliqués aux linteaux des portes), les ketoubot et les guittin (actes de mariage et de divorce, respectivement) selon la calligraphie traditionnelle en suivant un schéma très précis.
Le Rosh yeshivah ou "Gaon" - est un directeur d'académie talmudique, versé dans le Talmud, et titulaire des années supérieures de la yeshiva.
Le Mashgia'h dans une yeshiva est un expert du Moussar (éthique juive), et professeur des cours en cette matière, veillant au bien-être spirituel et émotionnel des étudiants de la Yeshiva.

Conversion au judaïsme [modifier]
Le judaïsme ne manifeste aucune velléité de prosélytisme. Il peut accueillir l'individu adulte qui demande à se convertir après avoir longuement examiné ses motivations, mais ne va en aucun cas le solliciter. Les rabbins exigent une forte motivation et une adhésion sincère à la Torah chez ceux qui désirent se convertir. Ainsi la conversion ne peut avoir pour seuls motifs la satisfaction d'un conjoint juif et de sa famille.

Quelques conversions de groupe, plus ou moins spontanées, jalonnent apparemment l'histoire mais elles peuvent correspondre, à l'inverse, à l'assimilation partielle aux populations environnantes de groupes juifs coupés de leurs traditions (légendes des "Dix Tribus" disparues) :

la conversion des Jébuséens, sous David,
celle de la tribu iduméenne des Hérode, sous les Hasmonéens,
celle de peuples ouralo-altaïques comme les Khazars de Russie.
après la fin de l'Empire romain, celle d'une partie des Francs ripuaires et des Souabes,
celle de Berbères (Djeraouas de l'Aurès et Nefoussas de Tripolitaine),
celle des Falashas d'Éthiopie,...

Sionisme

Le sionisme est un mouvement politique et une idéologie qui affirme le droit à l'existence d'un État juif en Palestine[1] et œuvre à sa création, puis à son développement. Il s'est mis en place à partir de la fin du XIXe siècle, notamment parmi les Juifs d'Europe centrale et d'Europe de l'Est sous la pression des pogroms et de l'antisémitisme chronique de ces régions, mais aussi en Europe occidentale, suite au choc causé par l'affaire Dreyfus. Bien qu'ayant des caractères spécifiques du fait de la dispersion des Juifs, sa naissance au XIXe siècle est contemporaine de l'affirmation d'autres nationalismes, en Europe.

Cet article se propose de résumer l'histoire du sionisme, mais se consacre surtout à l'analyse des courants idéologiques sionistes ainsi qu'aux réactions qu'ils ont suscitées.

Terminologie [modifier]
La terminologie a une certaine importance pour comprendre le sionisme. Elle n'est pas toujours neutre, et peut avoir des implications politiques.

Eretz Israël [modifier]
La tradition biblique désigne sous le nom d'Eretz Israël (terre d'Israël) la terre promise par Dieu au peuple juif, terre des deux royaumes israélites (voir Royaume d'Israël et Royaume de Juda).

C'est dans la Bible :

un terme politique : c'est la terre donnée aux Juifs pour s'y installer, puis à partir du roi Saül pour s'y construire un État ;
un terme religieux, car renvoyant à une promesse divine ;
un terme géographique. La définition géographique donnée par la Bible est d'ailleurs floue : dans certains textes bibliques, on parle de la terre promise comme allant du Nil à l'Euphrate (de l'Égypte à l'actuel Irak), d'autres se limitent à une zone comprise entre la mer et le fleuve Jourdain.
À partir du début du sionisme, le terme va prendre une dimension moins religieuse et plus politique : c'est le territoire revendiqué pour la re-création d'un État juif.

Au cours du XXe siècle, la question de l'appartenance de la Jordanie (surtout de sa partie occidentale) à Eretz Israël a fait débat au sein du mouvement sioniste (voir le chapitre La scission des sionistes révisionnistes (1925-1935)).

Au début du XXIe siècle, ce terme désigne généralement l'État d'Israël + Les territoires palestiniens occupés durant la guerre des Six Jours en 1967: la Cisjordanie + Jérusalem-Est + la Bande de Gaza.

Par principe, la plupart des tendances politiques du mouvement sioniste considèrent que Eretz Israël appartient de droit au peuple juif (pour des raisons au moins historiques, voire pour des raisons religieuses chez les sionistes religieux).
Mais toutes les tendances du mouvement sioniste ne revendiquent pas un État juif sur la totalité de Eretz Israël : certaines sont favorables à un certain degré de partage avec les Palestiniens, d'autres y sont hostiles.

Israël [modifier]
Le terme d'Israël désigne soit le peuple d'Israël, soit l'État d'Israël (ceux de l'antiquité ou celui recréé en 1948).

Palestine [modifier]
Dans les textes non bibliques, le terme de « Palestine » (Palaïstinê) apparaît pour la première fois sous la plume de l'historien grec Hérodote, au Ve siècle av. J.-C., en référence au peuple des Philistins, habitant la région côtière de la Méditerranée (Liban Israel et la bande de Gaza). Sous la domination romaine, le terme a pris un sens plus large pour finalement englober toute la région.

Avant les révoltes juives et notamment la chute du Second temple en 70, la Judée forma une province distincte, gouvernée par un légat propréteur (plus tard consulaire), qui commandait en même temps les troupes d'occupation.

Après les révoltes juives de 132-135, la destruction complète de la Ville sainte, la fondation de plusieurs colonies grecques et romaines en Judée, le nouveau nom de Aelia Capitolina donné à Jérusalem (dont l'entrée est interdite aux juifs) manifestent le refus de l'Empire romain d'accepter le maintien d'une nation juive en [Judée]. La région perd son autonomie et est intégrée dans la province de « Syrie-Palestine » (Syria Palæstina).

Judée-Samarie ou Cisjordanie [modifier]
La Cisjordanie englobe les territoires à l'ouest du Jourdain y compris Jérusalem Est occupés par Israël depuis 1967. Le terme Cisjordanie signifie « en deçà du Jourdain », par opposition à Transjordanie (« au-delà du Jourdain »). On utilise aussi les termes West Bank (« rive Ouest » du Jourdain) en anglais, et Judée-Samarie (du nom des anciennes provinces bibliques de la Samarie au nord et de la Judée au sud) en Israël et dans la majorité des mouvements sionistes hors d'Israël.

Terminologie : synthèse [modifier]
Aujourd'hui, l'utilisation des termes n'est pas toujours neutre.

Le français utilise de façon relativement neutre les termes Israël (pour désigner l'État d'Israël), Jérusalem-Est et bande de Gaza (pour désigner les Territoires palestiniens occupés en 1967).

Les termes « Palestine » ou « Eretz Israël » pour désigner l'ensemble de la région postérieurement à la création d'Israël expriment par contre de fortes préférences idéologiques, pro-palestinienne pour la première, pro-israélienne pour la seconde.

L'utilisation des termes Cisjordanie ou Judée-Samarie pour désigner l'ouest du Jourdain n'est pas totalement neutre non plus. Cisjordanie reprend un terme plutôt utilisé par la partie palestinienne, et Judée-Samarie par la partie israélienne.

À l'intérieur même du sionisme, défendre Israël ou défendre Eretz Israël n'a généralement pas la même signification. Dans le premier cas, on veut défendre le principe d'un État, sans insister sur des frontières particulières. Dans le second, on se réfère au territoire désigné par la Bible, en particulier le Livre de Josué, qui s'étend sur les deux rives du Jourdain.

Dans l'article ci-dessous, le terme « Palestine » sera utilisé pour désigner le territoire entre la seconde révolte juive (vaincue en 135) et la proclamation d'Israël (en 1948). Il est à noter que le mouvement sioniste lui-même a utilisé les deux terminologies assez largement avant la création de l'État d'Israël en 1948.

Pour la partie de cet article postérieure à la création d'Israël, on parlera généralement d' « Israël », de la « Cisjordanie », de « Jérusalem-Est » et de la « bande de Gaza », termes les plus utilisés en français et reconnus par l'ONU.

Histoire du Sionisme avant Israël [modifier]
Image:Zionist poster.png
Une affiche des années 1930, en roumain et hongrois, d'un film promouvant la colonisation juive de la PalestineVoir l'article détaillé Histoire du sionisme pour en savoir plus. La partie ci-dessous est un bref résumé de cet article.

Depuis la destruction du Temple et la dispersion des Juifs par l'Empire romain suite aux révoltes de l'an 70 et de l'an 135, une partie des Juifs expriment le désir de retourner en Terre Sainte[2]. Ainsi pour Maïmonide : « Les Temps messianiques auront lieu lorsque les Juifs regagneront leur indépendance et retourneront tous en terre d'Israël[3] ».

Sous la pression de l'antisémitisme européen et sous l'influence des idéologies nationalistes et d'indépendance nationale, une partie de la population juive européenne (surtout en Europe centrale et orientale, ou l'intégration est difficile) transforme à la fin du XIXe siècle ce désir religieux en un projet politique : le sionisme. Les premières organisations (Amants de sion) apparaissent en 1881. L'Organisation sioniste mondiale est créée en 1897.

En s'appuyant sur les ambitions coloniales britanniques au Moyen-Orient, le mouvement sioniste obtient par la déclaration Balfour (1917), la conférence de San Rémo (1920) et le mandat de la Société des Nations (1922) un « Foyer National Juif » en Palestine, contre l'avis des Arabes palestiniens qui craignent d'être à terme dépossédés. La Palestine est alors placée sous mandat britannique : on parlera pour cette période de « Palestine mandataire ». Voir aussi le chapitre de Histoire du sionisme : le mandat de la SDN.

De 1918 à 1948, la population juive passe de 83 000 personnes à 650 000. La croissance est due à une forte natalité, mais surtout à une forte immigration due à l'antisémitisme en Europe, lequel culmine dans la Shoa (le génocide juif). Voir l'article détaillé Aliyah.

À compter de 1939, la Grande-Bretagne prend une orientation plus pro-arabe, et arrête l'immigration juive. Après un conflit violent entre 1944 et 1947, les britanniques abandonnent la Palestine. Voir le chapitre Histoire du sionisme : la résurgence de la lutte armée.

En novembre 1947, l'ONU décide du partage de la Palestine entre un État juif (sur 55 %) et un État arabe. Voir l'article détaillé sur le plan de partage de la Palestine de 1947.

Le nouvel État est proclamé le 14 mai 1948. Voir l'article détaillé Déclaration d'Indépendance de l'État d'Israël.

Entre la fin 1947 et le début 1949, l'État d'Israël est en guerre contre cinq États arabes qui contestent son existence et envoient leurs armées dans le territoire attribué par le plan de partage de novembre 1947. Voir l'article détaillé Guerre israélo-arabe de 1948.

Histoire du sionisme et d'Israël depuis 1948 [modifier]
Concernant l'histoire du sionisme après 1948 (idéologies, institutions), voir le chapitre Le sionisme après la création d'Israël - 1948-2005.

Concernant l'histoire générale d'Israël, voir l'article détaillé Histoire d'Israël.

Conflits [modifier]
Après sa création, Israël va affronter plusieurs guerres ou conflits frontaliers :

Une importante série d'attaques frontalières palestiniennes (parfois mais pas toujours encouragées par les États arabes frontaliers) entre 1950 et 1956, qui feront des centaines de morts de part et d'autre, et entraineront des ripostes israéliennes (voir Unité 101). Ces attaques baissent spectaculairement après la guerre du Sinaï de 1956.
La guerre du Sinaï de 1956, déclenchée par Israël contre l'Égypte pour mettre fin aux attaques frontalières, au blocus contre le port Israélien d'Eilat et au développement rapide de l'armée, que l'Égypte affirmait vouloir utiliser pour détruire Israël. L'action israélienne se conjugue avec les attaques britanniques (le Royaume-Uni est hostile à la nationalisation du Canal de Suez) et françaises (la France reproche à l'Égypte son soutien au FLN algérien).
Entre 1965 et 1967, le Fatah, puis les autres organisations armées palestiniennes, lancent à partir de la Cisjordanie Jordanienne des attaques frontalières contre Israël, provoquant des représailles israéliennes. L'objectif officiel est la création d'un État arabe ou palestinien [4] en lieu et place d'Israël, et le retour des réfugiés palestiniens.
La guerre des Six Jours de 1967, déclenchée par Israël contre l'Égypte et la Syrie, pour répondre à des concentrations de troupes à la frontière. La Jordanie attaque alors Israël et est vaincue. La guerre des six jours entraîne l'occupation de la Cisjordanie y compris Jérusalem-Est, de la bande de Gaza, de la péninsule du Sinaï et du plateau du Golan.
Du début 1969 à août 1970, l'Égypte mène le long du canal de Suez une « guerre d'usure » contre les troupes israéliennes dans le Sinaï.
La guerre du Kippour de 1973, déclenchée par l'Égypte et la Syrie pour récupérer leurs territoires occupés en 1967 (motivation officielle), voire pour détruire Israël (motivation possible).
De 1975 à 1982, les organisations palestiniennes utilisent le sud du Liban (« Fatahland ») pour lancer des attaques contre Israël par le biais de commandos ou d'attaques d'artilleries. Voir l'article général Guerre du Liban.
La guerre du Liban de 1982, déclenchée par Israël pour détruire les bases militaires palestiniennes du Liban.
La guerre menée contre l'occupation israélienne du Liban entre 1982 et 1985 par des organisations palestiniennes et surtout libanaise, généralement soutenues par la Syrie et l'Iran. L'organisation la plus remarquée de la période (mais pas la seule) est le hezbollah, organisation à large dominante chiite.
La guerre menée par le Hezbollah contre la présence militaire qu'Israël maintien au sud-Liban de 1985 à 2000, et contre l'Armée du Liban-Sud, milice libanaise alliée d'Israël. Malgré le maintien d'une contestation sur une zone de 6km² dite Fermes de Chebaa, les attaques du Hezbollah diminuent fortement entre 2000 et 2006.
Le conflit avec les organisations palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza à partir du début des années 1990. À l'origine, les organisations concernées sont essentiellement le Hamas et le Jihad Islamique, puis à partir de la fin 2000 (seconde intifada), les branches armées des autres mouvements nationalistes palestiniens (en particulier les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa).

Démographie [modifier]
La population juive israélienne passe dans le même temps de 650 000 (1948) à 5 300 000 Juifs (débuts 2006). Voir les articles détaillés :

Démographie d'Israël
Immigration après la création d'Israël (1948-2005).

Développement économique [modifier]
Entre 1948 et 2005, Israël est devenue la première puissance industrielle du Moyen-Orient, avec un revenu par habitant similaire à celui de l'Europe occidentale.

Grand Israël [modifier]
Après la guerre de 1967, un débat profond va diviser le sionisme : quelle proportion des territoires occupés après la guerre de 1967 doit être annexée par Israël ?

Un courant, plutôt à gauche et au centre, considère que ces annexions doivent être limitées.
Plus à droite, un courant de pensée défend le « Grand Israël » : l'annexion intégrale de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Pour ce courant, c'est dans l'intérêt d'Israël. Mais la croissance démographique arabe et les intifada palestiniennes ont poussé la majorité de ce courant vers une optique de retrait partiel des territoires.
Enfin, le courant sioniste religieux défend également le Grand Israël, mais pas seulement comme un droit ou un intérêt pour Israël : c'est surtout une obligation divine. Il s'oppose en cela à un autre courant religieux juif antisioniste.
Ce débat renvoie à la définition même de l'objectif du sionisme : un État laïque pour les Juifs (aux frontières somme toutes secondaires), un État laïque pour les Juifs dans les frontières bibliques, ou un État juif dans les frontières bibliques se soumettant à la loi divine ?

Voir le chapitre : La question du Grand Israël 1967-2005.

Voir aussi l'article détaillé : colonies israéliennes.

Courants politiques du sionisme [modifier]
Le sionisme rassemble des courants très divers allant de l'extrême droite à l'extrême gauche.

Tous ont en commun la volonté de créer un État juif. Mais ils se sont historiquement divisés sur trois questions fondamentales :

Les objectifs territoriaux : Le sionisme vise-t-il à établir un État juif :
n'importe où (sionisme territorialiste),
sur un territoire quelconque en Palestine (point de vue dominant à gauche et dans une partie de la droite),
ou sur toute la Palestine biblique (Eretz Israël) (point de vue dominant à droite, à l'extrême droite et chez les sionistes religieux) ?
Les objectifs sociaux : la société que doit créer le sionisme doit-elle être marxiste (Poale sion), Sociale-démocrate (Mapaï), libérale (Sionistes généraux, parti Révisionniste), voir fasciste (Brit Ha'Birionim) ?
La place de la religion : la société que doit créer le sionisme doit-elle être athée (marxiste, Cananéens), ouverte sur la religion, mais sans plus (une partie de la gauche et la majorité de la droite) ou religieuse (Sionisme religieux) ?
Il y a eu d'autres divergences (la place de la violence dans la construction de l'État, par exemple), mais ces trois thématiques expliquent les structurations fondamentales des courants sionistes.

Extrême-gauche [modifier]
Ce sont le Poale sion gauche et le Hachomer Hatzaïr, qui donneront plus tard le Mapam (en 1948).

Ces deux partis ont été créés avant la Première Guerre mondiale. Le premier se réclame du marxisme, et le second du socialisme populiste russe, avec une forte influence anarchiste.

Ils veulent une société socialiste, sans religion, sont partisans d'un État en Palestine, mais sont relativement souples sur les frontières. Avant 1948, ils ont même envisagé un État mixte judéo-arabe.

La gauche « réformiste » [modifier]
Ce sont le Achdut Ha'avoda (issu du Poale sion) et le Hapoel Hatzaïr, qui donneront naissance en 1930 au parti socialiste Mapaï, renommé ensuite parti travailliste.

Ces deux partis ont été créés avant la Première Guerre mondiale. Le premier se réclame du marxisme, et le second du socialisme populiste russe. Les deux partis d'extrême gauche précédemment cités sont leurs dissidences respectives.

Révolutionnaires à leurs origines, ils évoluent après la Première Guerre mondiale vers le réformisme. Ils veulent une société social-démocrate. Ce sont des laïques, mais reconnaissant une place du religieux dans la définition de l'identité juive. Ils sont partisans d'un État en Palestine, mais sont relativement souples sur les frontières. Cette souplesse même a entraîné des évolutions et des débats internes importants sur les questions territoriales :

En 1922, Berl Kaztnelson, l'idéologue du Achdut Ha'avoda s'est fermement opposé à la création de l'émirat hachémite de Transjordanie, qui était ainsi retiré du « Foyer National Juif ».
En 1937, lors des débats de la commission Peel sur un éventuel partage de la Palestine entre juifs et arabes, David Ben Gourion a accepté la proposition (non suivie d'effet) d'un État juif sur 15% seulement de la Palestine mandataire, mais a été mis en minorité au sein du Mapaï.
En 1947, le Mapaï a accepté le plan de partage de la Palestine mandataire entre un état juif sur 55 % du territoire (mais sans la partie juive de Jérusalem), au côté d'un État palestinien. Suite au refus palestinien de ce partage, David Ben Gourion a refusé de fixer les frontières de l'État, ouvrant la possibilité de revendications territoriales futures.
Après la guerre des six jours de 1967, le dirigeant de l'aile gauche du Mapaï (Achdut Ha'avoda) Ygal Allon, a proposé un plan annexant 30 % de la Cisjordanie et une partie de la Bande de Gaza, plan qui ne fut pas officiellement adopté par son parti. Le parti travailliste a cependant fait adopté en 1967 une « loi sur Jérusalem » qui rattachait à la municipalité la partie arabe de la ville, ainsi que certains quartiers et villages avoisinant.
en 1985, Shimon Peres, Premier ministre travailliste, a proposé de donner l'essentiel de la Cisjordanie et de la bande de Gaza à une confédération Jordano-Palestinienne.
À l'été 2000, le Premier ministre travailliste Ehud Barak a proposé aux négociations de Camp David avec Yasser Arafat la création d'un État palestinien sur 88-90 % de la Cisjordanie et sur la Bande de Gaza, mais sans la partie arabe de Jérusalem.
Pour les élections de 2006, le parti travailliste a proposé un partage de Jérusalem, en attribuant à un futur État palestinien les quartiers arabes de Jérusalem.
Ces évolutions et positions ne sont pas exhaustives.

Le dirigeant le plus connu de la gauche réformiste est David Ben Gourion. On peut aussi citer Shimon Peres ou Yitzhak Rabin.

La droite modérée [modifier]
Ce sont surtout les Sionistes généraux. Le dirigeant historique, jusqu'à la création d'Israël, est Haïm Weizmann.

Ils existent comme courant de pensée depuis la création du sionisme, à la fin du XIXe siècle. Theodor Herzl en était proche. Ils ne s'organisent comme parti qu'en 1922.

Les sionistes généraux seront le second groupe fondateur (en importance électorale) du Likoud, en 1973. Ils sont partisans du Libéralisme économique. Ce sont des laïques, mais accordant une place au religieux dans la définition de l'identité juive. Ils sont partisans d'un État en Palestine, mais sont relativement souples sur les frontières (du moins avant 1967).

La droite nationaliste laïque [modifier]
Il s'agit surtout du parti Révisionniste, créé en 1925, qui donnera naissance en 1948 au Hérout. Ce sera le principal groupe fondateur du Likoud, en 1973.

Le dirigeant historique est Vladimir Jabotinsky, auquel succédera Menahem Begin. Les révisionnistes sont partisans du libéralisme économique. Ce sont des laïques, mais accordant une place au religieux dans la définition de l'identité juive. Ils sont partisans d'un État en Palestine dans les frontières d'Eretz Israël (« Terre d'Israël »). Pendant longtemps, ils ont revendiqué l'annexion de toute la Palestine mandataire, mais aussi de la Jordanie. Cette dernière thématique a été progressivement abandonnée. Mais on peut noter que parmi les insignes du Betar, leur mouvement de jeunesse, on trouve toujours des représentations de la terre d'Israël incluant la Jordanie.

Depuis la fin des années 1990, ce courant a du faire face à la croissance démographique arabe et au soulèvement palestinien (Intifada).

La majorité du Likoud a donc accepté de renoncer à une partie de la « Terre d'Israël », pour assurer la majorité juive dans l'État d'Israël.

Les plus modérés se sont ralliés au parti Kadima fin 2005, derrière Ariel Sharon et Ehoud Olmert, les plus nationalistes sont restés au Likoud derrière Benyamin Netanyahou. Mais même chez eux, on note l'abandon du Grand Israël : Netanyhaou a proposé début 2006 d'abandonner 40 % de la Cisjordanie et l'essentiel de la Bande de Gaza.

La droite nationaliste religieuse [modifier]
Il s'agit surtout du parti Mizrahi, créé en 1902 et réorganisé en 1956 dans le Parti national religieux (PNR).

Ils sont aujourd'hui plutôt partisans du libéralisme économique, mais il a longtemps existé une branche « ouvrière » (Hapo'el Hamizrachi), plutôt attirée par une démarche « sociale-démocrate ». Ils sont partisans d'un État religieux, ou la Halakha, loi religieuse juive, serait un élément important dans la définition de la loi civile. Ils acceptent cependant la démocratie. Sur le plan Nationaliste, ils ont longtemps été modérés. Mais après la victoire de 1967 (occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza), ils ont sensiblement durci leur position, surtout après 1977.

La majorité des sionistes religieux adhère aujourd'hui au Grand Israël. Au contraire de la droite nationaliste laïque, qui considérait le Grand Israël comme un intérêt, et qui y renonce progressivement sous l'influence des deux intifada et de la croissance démographique arabe, les sionistes religieux considèrent qu'il s'agit d'un ordre divin. On ne peut donc y renoncer.

Ils sont particulièrement actifs dans les colonies israéliennes. Le PNR est aujourd'hui considérés par certains politologues comme un parti d'extrême droite (ce qu'il n'était pas à l'origine). De fait, pour les élections de 2006, le Parti national religieux a décidé de se présenter sur la liste de l' « Union Nationale », le cartel électoral de l'extrême droite nationaliste.

L'extrême droite nationaliste laïque [modifier]
Sa première organisation date de 1931, avec Brit Ha'Birionim. Il s'agit d'une faction interne au parti Révisionniste, qui se réclame du fascisme italien. L'organisation paramilitaire Lehi, créée fin 1940, reprendra bon nombre de leurs thèses, du moins jusqu'à la mort de son premier leader, Avraham Stern en 1942. Après la création de l'État d'Israël, ce courant n'est plus guère actif, mais reste cependant vivant à travers des intellectuels comme Israël Eldad, un ancien dirigeant du Lehi. On voit réapparaître ce courant après les accords de Washington de mars 1979, qui restituent le Sinaï à l'Égypte.

La question de l'organisation sociale est secondaire. Ils ont selon les époques adoptés des positions « sociales » ou « libérales ». Ce qui est historiquement au centre, c'est la revendication du « Grand Israël ». Si l'annexion de la Jordanie n'est plus guère défendue, celle de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza reste centrale. La question de la démographie arabe sera réglée par un « transfert » vers les pays arabes, ou par une privation du droit de vote.
On trouve aujourd'hui les partisans de ce courant dans plusieurs petites organisations, en particulier dans les tendances laïques de l' « Union nationale » ou du Moledet.

Preuve de l'évolution profonde de la droite nationaliste sur la question du « Grand Israël », un autre parti classé comme à l'extrême droite, Israël Beiteinu (« Notre Maison Israël », un parti essentiellement russophone) de Avigdor Liberman, propose pour les élections de 2006 non seulement de quitter la fraction de la Cisjordanie la plus peuplée par les Arabes palestiniens (environ 40 %), mais de réaliser un échange de territoires avec eux. Il s'agit de donner certaines parties du territoire israélien (dans ses frontières de 1949) aux palestiniens : celles qui sont les plus peuplées par les Arabes israéliens. Lieberman a même proposé de quitter certains quartiers arabes de Jérusalem, pour des raisons démographiques. Cette nouvelle approche de la droite radicale n'est donc plus centrée sur le territoire (même si les annexions envisagées représentent 60 % de la Cisjordanie), mais sur l'établissement d'un État avec le moins d'Arabes possible. Cette position est donc proche de celle d'Ariel Sharon et du parti Kadima, mais en plus affirmée : à la fois plus d'annexions de territoires sans palestiniens en Cisjordanie, et des retraits de territoires israéliens. Cette position est en totale rupture avec l'histoire politique de la droite sioniste.

Mais preuve de l'évolution de l'extrême-droite, les élections de mars 2006 ont apporté onze sièges sur 120 à Israël Beiteinu, soit plus que les neuf sièges de l'Union Nationale (qui regroupe l'extrême droite religieuse et laïque). Une partie de ce succès doit cependant ête attribué à l'autre spécificité du programme d'Israël Beiteinu : la défense des immigrants venus de l'ancienne URSS.

L'extrême droite nationaliste religieuse [modifier]
Elle exprime de façon radicale les positions en faveur du Grand Israël et d'un État religieux. Ses membres se retrouvent dans certaines factions du Parti national religieux, au Kach, ou dans d'autres petits groupes extra-parlementaires.

Cette tendance est très présente dans les colonies religieuses et dans certaines Yechivot (écoles religieuses). Elle rejette la démocratie comme non-juive, ou au moins la considère comme secondaire. « L'occident libéral parle du règne de la démocratie, de l'autorité de la majorité, tandis que le judaïsme parle de l'autorité divine, qui est immuable et n'est pas sujette à l'urne ou à l'erreur d'une majorité... C'est le joug de Dieu, l'effacement de notre volonté devant la Sienne qui constitue le principe essentiel du Judaïsme » (Meir Kahane - Uncomfortable questions for comfortable jews - Secaucus, Lyle Stuart, 1987, P.159-160 - cité par Alain Dieckhoff).

Autres courants [modifier]
Quelques courants marginaux ont existé. Ils ne subsistent plus réellement aujourd'hui :

Anarcho-sionisme : pour la construction d'un foyer national juif révolutionnaire et sans État. Ce courant est marginal par lui même. Mais les doctrines anarchistes ont fortement influencées le Hapoel Hatzaïr, et plus encore le Hachomer Hatzaïr et le mouvement Kibboutzim.
Sionisme territorialiste : pour la construction d'un État juif n'importe où dans le monde, sans référence à la Palestine. Ce courant sera surtout actif avant la déclaration Balfour de 1917, quand l'établissement d'un État en Palestine, refusé par les Ottomans, semblait une utopie. Il s'organise au sein d'une « Organisation Sioniste Territorialiste », entre 1905 et 1925, date de sa dissolution.
Le « sionisme culturel » de Ahad Haam, surtout intéressé par la Palestine comme centre moral et culturel, plus que comme centre de peuplement.
Les Cananéens : un petit courant de droite, qui se réclamait d'un nationalisme « hébreux », et prônait la rupture pure et simple avec le judaïsme. Actif au sein du Lehi dans les années 1940, avant de quasiment disparaître dans les années 1960-70.
En marge du sionisme juif, on peut aussi citer un courant essentiellement religieux (et majoritaire chez les sionistes), celui de certains chrétiens fondamentalistes (surtout Nord-Américains). Pour ceux-ci, la réunion des juifs en Terre sainte favorisera le retour du messie (Jésus-Christ) et la conversion des juifs. Ce courant soutient la colonisation des territoires palestiniens, et est généralement opposés au retrait israélien de la bande de Gaza (2005). Voir l'article Sionisme chrétien.

Opposition au sionisme [modifier]
Voir article détaillé antisionisme

Comme tout courant politique, le sionisme a suscité des adhésions et des oppositions. On regroupe ces dernières sous le terme générique d'antisionisme. On peut définir sept courants historiques au sein de l'antisionisme, qui se superposent parfois.

L'antisionisme des Juifs religieux [modifier]
Pour les religieux non sionistes, l'État juif de l'antiquité a été détruit par Dieu, en punition des péchés du peuple juif. Pour eux, seul le messie de Dieu pourra rétablir le royaume d'Israël[5].

Ce courant est historiquement le premier, puisqu'il existe depuis la création du sionisme. Il regroupait à l'origine la majorité des orthodoxes et ultra-orthodoxes, encore que certains orthodoxes aient dès le départ soutenu le mouvement sioniste[6]. On note dès l'entre-deux guerre, et plus encore depuis la création d'Israël une forte évolution de cette attitude (sauf chez certains groupes, comme les Neturei Karta[7] ou les Hassidim de Satmar). Les orthodoxes se sont massivement ralliés au sionisme. Les ultra-ortodoxes ont généralement pris des positions plus neutres. Les ultra-orthodoxes ashkénazes ne se sont cependant toujours pas officiellement ralliés au sionisme. Par contre, les ultra-orthodoxes séfarades du Shass ne voient aujourd'hui pas de contradiction entre le sionisme et la religion, pour autant que l'état prenne une orientation plus religieuse[8]. Cependant, pour les ultra-orthodoxes actuels, toutes tendances confondues, l'acceptation officielle ou officieuse de l'État n'enlève rien aux exigences que celui-ci fonctionne selon la Loi divine. À défaut, le sionisme, au moins dans sa version laïque, est critiqué comme une révolte contre l'œuvre de Dieu.

Au final l'antisionisme militant des juifs religieux, originellement puissant, est aujourd'hui restreint à des groupes minoritaires. La majorité des juifs religieux acceptent ou soutiennent aujourd'hui le sionisme, éventuellement avec certaines réserves.

Voir les articles détaillés Haredim, Edah Haredit, Neturei Karta et Agoudat Israël.

L'antisionisme des juifs assimilationistes ou intégrationistes [modifier]
Bon nombre de juifs très intégrés à leurs sociétés d'origine ont refusé le sionisme, avec des attitudes allant de l'indifférence à l'hostilité. La priorité était donnée à une meilleure intégration dans les pays de résidence, pas à un départ de ces pays. Il peut s'agir d'un rejet très structuré, au nom du nationalisme du pays de résidence, ou d'une simple méfiance.

Ce courant antisioniste a surtout été actif à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle. L'attitude est devenue beaucoup plus favorable au sionisme depuis la création d'Israël en 1948. Bien que ce courant soit devenu tout à fait marginal, on peut cependant noter que ses pays d'origines (surtout occidentaux) génèrent toujours une émigration limitée vers Israël. L'adhésion progressive à l'idée sioniste des communautés bien intégrées, qui étaient à l'origine assez réticentes, s'est donc faite plus dans le domaine des idées que de l'aliyah concrète (la « montée » en Israël).

L'antisionisme du nationalisme arabe et palestinien [modifier]
Il s'agit d'un antisionisme nationaliste, qui regroupe chrétiens et musulmans. Le nationalisme de référence est à l'origine le nationalisme arabe, puis progressivement le nationalisme palestinien. Il est soutenu tant par des courants « de gauche » que « de droite ».

En tant que nationalisme, il privilégie le destin du groupe qu'il défend, et s'oppose donc au nationalisme juif et à sa volonté de s'approprier une terre qui est considérée comme arabe.

L'opposition arabe à l'existence d'un état juif n'est plus aussi homogène depuis la reconnaissance d'Israël par l'Égypte en 1977. Par la suite, d'autres états arabes ont reconnus Israël, comme la Jordanie en 1994, ainsi que certains mouvements politiques palestiniens, comme l'OLP grâce aux voix du Fatah au Conseil national palestinien, organe législatif de l'OLP[9].

L'antisionisme anti-colonialiste ou anti-impérialiste [modifier]
Les antisionistes anti-colonialistes ou anti-impérialistes ne rejettent pas le nationalisme par principe, mais considère que le nationalisme du colonisé ou des « premiers peuples » est par principe plus légitime que celui des « colonisateurs ». Au contraire du nationalisme arabe ou palestinien, cet antisionisme ne revendique pas de préférence théorique pour un nationalisme particulier. Mais sa préférence de principe pour le nationalisme des « premiers peuples » le rapproche de fait du nationalisme palestinien. C'est un courant politique généralement plutôt ancré à gauche, voir à l'extrême gauche.

La condamnation par l'Assemblée générale de l'ONU du sionisme le 10 novembre 1975 (résolution 3379), s'est faite en utilisant le vocabulaire anticolonialiste ([3]). La résolution décrit ainsi dans ses préambules le sionisme comme une « idéologie raciste et impérialiste » et énonce dans sa conclusion que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». Au delà de la terminologie, la résolution a attiré plusieurs antisionismes, comme celui du monde arabe, souvent religieux.

La conclusion de cette résolution est cependant annulée le 16 décembre 1991 par l'Assemblée générale (Rés. 46/86 [4]). Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, désapprouvera publiquement la résolution de 1975 en la qualifiant de « manifestation lamentable d'antisémitisme ».

Il est à noter que tous les mouvements se réclamant de l'anti-colonialisme ou de l'anti-impérialisme ne sont pas antisionistes. Beaucoup acceptent aujourd'hui l'existence d'Israël, mais restent hostiles à son contrôle sur les territoires occupés après la guerre des six jours de 1967.

Voir les articles détaillés Organisation de libération de la Palestine et Réfugiés palestiniens.

L'antisionisme des religieux musulmans [modifier]
Ce courant rappelle que Jérusalem est le troisième lieu saint de l'islam, et que la conquête d'une terre musulmane quelle qu'elle soit, est un motif de Djihad défensif, à la fois légitime et obligatoire pour tous les croyants. La lutte contre le sionisme est donc une obligation religieuse.[10]

L'antisionisme des antisémites [modifier]
Il s'agit d'une hostilité aux Juifs, qui se traduit par une hostilité à leur État. Le vocable «sioniste» a été largement utilisé par des antisémites de tous bords en tant que substitut au mot «juif». Ainsi les néo-nazis américains ont-ils recours au terme ZOG (Zionist Occupied Government) pour désigner le gouvernement supposé inféodé aux Juifs.

Tous les antisémites historiques n'ont cependant pas été anti-sionistes : le gouvernement polonais qui demandait le départ de tous les Juifs de Pologne en 1936 eu des contacts avec Vladimir Jabotinsky pour organiser ce départ vers la Palestine.

Voir aussi le chapitre Sionisme révisionniste : Le plan d'évacuation (1936-1937).

Voir l'article Antisémitisme.

L'antisionisme antinationaliste [modifier]
Il s'agit d'une hostilité de principe à tout nationalisme, quel qu'il soit, surtout s'il s'établit au détriment d'une population « indigène » colonisée ou expulsée.

Ce courant est aujourd'hui très marginal. Il recrute chez des intellectuels d'extrême gauche ou des anarchistes. Il s'oppose en théorie aussi au nationalisme palestinien. « Seul le rejet de tout nationalisme et l'entente libre et fraternelle des populations travailleuses pourront sauver la Palestine de la barbarie qui va en s'étendant »[11]. « En Palestine, l'État apporte l'indiscutable preuve qu'il provoque la guerre du fait même de sa présence »[12]

Il est cependant à noter qu'avant la création de l'État d'Israël en 1948, cette vision anti-nationaliste était très largement répandue au sein du mouvement communiste, et chez certains socialistes. Lénine était ainsi opposé à « la création d'une armée de plus sur la terre ».

Voir aussi les articles détaillés sur le Maki, le Parti communiste d'Israël.

L'antisionisme : synthèse [modifier]
Certaines personnes peuvent être influencées par différents types d'antisionisme à la fois.

Ainsi, le mouvement radical palestinien Hamas est à la fois anti-sioniste par nationalisme palestinien, par antisionisme religieux musulman, et a inséré dans sa charte (écrite en 1988) de nombreuses citations antisémites (protocoles des sages de Sion, accusations contre les Juifs d'être la cause des révolutions française et russe, etc.)[13]

Mais en tant que tel, l'antisionisme n'est pas forcément antisémite, ni même pro-palestinien. C'est le cas de certaines factions juives ultra-orthodoxes, par exemple.

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